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Le blog de Emmanuelle Gaziello,

Le blog de Emmanuelle Gaziello,


Pour un pôle public de l'Energie, excellente...

Publié par Emmanuelle Gaziello sur 25 Juin 2014, 17:51pm

Pour un pôle public de l'Energie, excellente tribune de Thierry Lepaon, Secrétaire général de la CGT , Parue dans l’Humanité du 20 juin 2014
La France doit bientôt se doter d’une loi sur la transition énergétique, qui engagera des choix structurants pour l'avenir. Les enjeux sont sociaux, démocratiques, économiques, industriels et environnementaux. Il s’agit de se fixer une trajectoire ambitieuse de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de permettre à tous les citoyens un accès à l’énergie et de conserver dans le même temps la compétitivité de notre énergie pour l’industrie, dans le long terme.
Les atouts de la France sont considérables et lui permettent de concilier compétitivité, lutte contre l’effet de serre et contre la précarité énergétique. Notre pays dispose déjà d’une énergie électrique peu émettrice de gaz à effet de serre, à base de nucléaire et d’énergies renouvelables, dont l'hydraulique. Il peut s’appuyer sur les savoir-faire et l’expérience de groupes de taille mondiale comme EDF, GDF-Suez, Areva, Alstom, Nexans…, et d’organismes de renommée internationale comme le CEA ou l’IRSN . Mais ces atouts sont aujourd’hui mis à mal.
Alors que l’Union Européenne a été en pointe dans la prise de conscience politique de la réalité du réchauffement climatique, l’Europe de l’énergie est en crise : les normes bruxelloises n’apportent pas les bienfaits attendus ni en termes de prix, ni en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
La déréglementation affaiblit les grands énergéticiens du continent. Les à-coups dans les décisions d’investissement ont fragilisé les filières et les velléités des entreprises à investir dans la recherche. C’est patent du côté du solaire. Mais c’est aussi évident pour le nucléaire en provoquant des pertes de compétences et de savoir- faire collectifs. Enfin, la complexité de l’organisation du secteur fait exploser les coûts de gestion et de commercialisation ce qui participe de manière conséquente à la hausse des tarifs.
La France n’a pas les moyens d’un tel gâchis économique et humain, dans une période où l’enjeu stratégique pour notre économie est la reconquête de l’emploi industriel.
Dans ce contexte, il serait désastreux que le débat sur la transition énergétique se concentre sur le seul paramètre exprimant la part du nucléaire dans le mix électrique et que cela signifie la fermeture d’installations autrement que pour des raisons de sûreté.
La préparation de l’avenir ne doit pas être sacrifiée. Economiser l’énergie relève du bon sens, mais pas au point de sous- estimer les besoins de développement et la démographie dynamique du pays. Cela suppose le renouvellement du parc nucléaire, et la constitution de filières solides dans les principales énergies renouvelables. Il est indispensable de maintenir et développer nos capacités de recherche, d’ingénierie et de fabrication dans la perspective du renouvellement de nos capacités de production. La maîtrise industrielle par notre pays, d’entreprises comme Alstom ou Areva est stratégique. L’Etat doit prendre ses responsabilités pour y parvenir.
La loi de transition énergétique ne doit toutefois pas se cantonner au périmètre de l’énergie électrique mais aborder tous les vecteurs, notamment celui des énergies fossiles qui ont un rôle à jouer. Elle doit traiter de l’enjeu majeur de la conversion du secteur des transports qui représente plus du quart de la consommation d’énergie et est également le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre.
Il est donc aujourd’hui grand temps de remettre les questions essentielles au centre du débat, la prise en compte du long terme en contestant la croyance aveugle dans la capacité du marché à envoyer les « signaux » nécessaires aux investissements.
Plutôt que de s’acharner à offrir aux entreprises de coûteux allègements de cotisations sociales, le gouvernement serait mieux inspiré de proposer au pays et aux entreprises un autre pacte, un pacte de sécurité, de compétitivité et d’accessibilité énergétique, qui s’articulerait autour de cinq objectifs :
- l’assurance pour les usagers de bénéficier d’un tarif réglementé maîtrisé et pour les précaires énergétiques de tarifs de première nécessité plus protecteurs et plus efficaces,
- la garantie aux entreprises, et notamment à celles dont les coûts de production dépendent fortement du prix de l’énergie, de prix plus attractifs, en lien avec l’efficience énergétique,
- le développement de canaux de financement spécifiques des investissements dans les filières énergétiques, dont la filière nucléaire,
- la recherche d’une plus grande efficacité des mécanismes de soutien au développement des énergies renouvelables,
- la mise en place de mécanismes de financement pour la rénovation énergétique du bâti existant.
Cet effort renouvelé, associé à des coopérations européennes, doit pouvoir s’appuyer sur un pôle public de l'énergie, revendication que la CGT met en avant depuis plusieurs années.
Cet effort permettrait de donner sens à la proposition de la CES de consacrer 2% du PIB européen à l’investissement, pour relancer la croissance et l’emploi.

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