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Le blog de Emmanuelle Gaziello,

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Nice. Max Barel, héros martyr de la Résistance, 11 Juillet 2013

Publié par Emmanuelle Gaziello sur 11 Juillet 2013, 10:36am

Catégories : #AGENDA

Discours d’hommage à Max Barel, 11 Juillet 2013, place Max Barel, Nice.

« Il fut torturé de toutes les façons possibles. Flagellé jusqu’au sang, ce traitement n’ayant pas donné de résultat, il fut baigné dans l’eau glacée. Pendant ce traitement, il tenta de se suicider de différentes façons, ceci n’ayant pas donné de résultat, non plus, il fut mis dans une baignoire et arrosé d’eau bouillante ce qui occasionna des brûlures du 2° et 3° degré. Cela a été fait par l’Obersturmpführer Klaus Barbie, S. Commandant du SD ».

 C’est ainsi, de l’aveu même de l’un de ses bourreaux français griffonné au crayon sur une feuille de carnet, que Max Barel est mort sans avoir parlé, alors qu’il avait tout juste 31 ans. Il a vraisemblablement agonisé le 12 juillet 1944, dans une cave de la place Bellecour à Lyon.

Chaque année, le 11 juillet, la commémoration de l’assassinat de Max Barel par les nazis ,

c’est pour les communistes niçois, les résistants, les démocrates, avec le 7 Juillet 44(pendaison de Torrin et Grassi), le 15 Aout (fusillés de l’Ariane) et le 28 Aout (insurrection et libération de Nice) l’occasion de se souvenir et de rendre hommage à toutes les victimes de la barbarie nazie.

 Occasion aussi de réaffirmer avec force notre attachement aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.

Marcel Cachin, l’un des fondateurs du PCF et directeur de L’Humanité avant-guerre, avait dit du jeune communiste qui l’avait invité à donner une conférence devant le cercle d’études marxistes dont il était le créateur à l’école Polytechnique en 1934 : « Il est vraiment la préfiguration de ce que pourra donner la jeunesse dans l’avenir ». Et lorsque la mort de Max, dont le corps ne sera jamais retrouvé, fut confirmée, il adressa à son ami proche, le député communiste Virgile Barel, un message dans lequel il le remercia « d’avoir donné à notre Parti l’héritage d’une telle existence et un exemple impérissable ».

Max-Barel.jpg

 

Héritage très fort, celui que nous nous devons d’assumer, celui d’un communiste, polytechnicien, lieutenant d’artillerie en 1940 qui préféra démissionner de l’armée plutôt que de devoir prêter serment à Pétain.

Comme tout « X » qui respecte son engagement décennal, Max est lieutenant (d’artillerie) et se bat héroïquement. Fait prisonnier trois fois, il s’échappe tout autant pour finir, le 25 juin 1940, par rallier Lyon. Pendant ce temps, son père est à La Santé, après avoir été arrêté en octobre 1939, puis condamné à cinq ans d’emprisonnement, à la suite de l’interdiction du PCF pour « reconstitution de ligue dissoute ».

Nous sommes en mars 1941 et cet «  officier d’une rare énergie », selon la citation qui accompagne la décoration, vient de retourner à la vie civile, car il a refusé de prêter serment à Pétain.

Père de deux enfants – un petit Jean est né en 1939, après Annette en 1937 – il doit se remettre aux études à l’Institut électrotechnique de Grenoble d’où il sort major de sa promo en juillet 1941. Il est aussitôt embauché aux ateliers de constructions électriques Delle de Villeurbanne. Selon ceux qui l’ont connu à  cette époque, il est déjà entré en résistance, tout au moins dans l’opposition politique au pétainisme contre lequel  il distribue des tracts.

Chez Delle, le jeune ingénieur monte rapidement en grade jusqu’à devenir en novembre 1943, directeur adjoint des fabrications. Un poste stratégique qui va lui permettre, comme le révèlera après-guerre Georges Marranne du comité directeur du Front national pour la zone sud, de faire fabriquer des grenades et explosifs pour les maquis. Il est aussi l’inventeur d’une arme redoutable : le crève-pneu de camion. Mais son apport principal à la Résistance est  de participer à la création de l’Union des cadres industriels de la France combattante(UCIFC). Le principal objectif de ces ingénieurs et techniciens antifascistes est de freiner voire de saboter toute production qui pourrait servir  l’Occupant.

Mais alors que le vent de la guerre est en train de tourner en faveur des Soviétiques, après Stalingrad, et des Anglo-américains qui débarquent en Afrique du Nord en 1943, la chasse aux communistes s’intensifie dans la France que les nazis occupent  dès lors entièrement. Le fils de Virgile Barel est une cible de choix car le député niçois qui vient d’être libéré, est alors nommé chef adjoint de cabinet du communiste François Billoux, ministre du gouvernement d’Alger.

Les Gestapistes vont alors traquer ce cadre de la Résistance lyonnaise spécialisé dans les sabotages industriels. ….Jusqu’au 6 juillet 44 où deux miliciens le coincent sur les quais de la gare de Lyon Perrache.

Emprisonné dans les locaux de celle-ci, place Bellecour à Lyon, Max va subir, de l’aveu même de ses bourreaux, toutes les tortures possibles.

Sous les coups de ses tortionnaires aux ordres de Klaus Barbie, malgré l’isolement et la souffrance, Max ne parlera pas.

Quatre jours et cinq nuits de supplices durant lesquels Max taira le nom de ses camarades de combat. Devant cette détermination, ses bourreaux s’acharnent. Max meurt ébouillanté et son corps ne sera jamais retrouvé.

Ses bourreaux s’appellent Barbie mais aussi Payot et Moine, deux Français entrés au service de la Gestapo. Les deux traitres seront condamnés à mort, puis graciés au début de la guerre froide. Quant à Barbie, on sait aujourd’hui quelles furent ses protections auprès de la CIA et sa fin misérable.

Il n’y aurait pas eu de « procès Barbie » sans le combat que mènera jusqu’à son dernier souffle Virgile Barel pour que justice soit faite. Pas seulement pour son fils mais pour toute une génération fracassée que Pablo Picasso a génialement représenté sous les traits à la fois doux et énergiques de Max Barel, jeune homme au large front intelligent et aux grands yeux étonnés.

 

Max et Virgile : deux prénoms qui dans cette ville sont porteurs du refus de l’injustice, d’une profonde honnêteté, de l’abnégation, de la disponibilité pour les autres.

C’était l’essence de leur engagement de communiste et cela demeure pour les générations d’aujourd’hui.

A l’heure du capitalisme débridé où les peuples d’Europe sont livrés en pâture aux intérêts de la finance internationale.

A l’heure où le chômage, l’exclusion et la précarité frappent chaque jour davantage, où les privilèges et les dominations gangrènent notre ville ;…

L’aspiration à lutter contre l’injustice, à changer cette société, qui animait avec force Max et Virgile est plus que jamais d’actualité. Et cela pour les millions d’hommes et de femmes qui dans notre pays et notre ville refusent le diktat de l’argent et les restrictions de liberté.

D’ailleurs dans un de ses derniers écrits le 15 juin 1944, Max disait « Dans la France libérée, le travail sera la loi pour tous, l’honnêteté sera exigée de tous, la justice sera garantie à tous »

L’engagement  de Max et de Virgile, l’engagement de tous ceux qui se sont opposés et cela dans la diversité de leur conviction politique, philosophique ou religieuse, dans un combat sans faille contre la barbarie nazi est un exemple pour le Peuple niçois.

Evoquer aujourd’hui le souvenir de Max, son combat, celui de Virgile  donne tout son sens à l’engagement des communistes contre l’exclusion, le racisme, la xénophobie, le fascisme.

 Les communistes hier comme aujourd’hui font un autre choix, celui de la personne humaine, de son épanouissement, de sa liberté, de la fraternité, de la coopération, de la solidarité, du respect de la diversité ….

Ils proposent de refuser avec force les reculs de civilisation, les divisions, les exclusions qu’une minorité  veut imposer, pour construire dans cette ville, dans ce pays, en Europe une véritable alternative de progrès.

Emmanuelle Gaziello

              Remerciements à Philippe Jérôme pour sa contribution avec « une histoire Populaire de la Côte d’azur », tome 3.

 

 

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