Facile à dire, Il semble qu’un peuple soit lésé par une représentation qui ne représente que ses propres intérêts ! L’abstention électorale, qui prélude toujours à la mort des républiques, est alimentée par le désespoir et la violence assénée quotidiennement par le camp réactionnaire au pouvoir.
Et pourtant, rappelez-vous la nuit du 4 Aout 1789. Les privilèges ont bel et bien été abolis, grâce à l’intervention du peuple, car derrière la belle façade égalitaire de cette nuit, se profile la « Grande Peur » paysanne qui a embrasé une vaste partie du territoire entre le 20 juillet et le 6 août 1789. Si la chose a été possible en 1789, pourquoi ne le serait-elle plus aujourd’hui ? Si les inégalités s’accroissent, c’est bien parce qu’existent de nouveaux privilèges. Une nouvelle Nuit du 4 août reste donc à faire !
Dans l’Ecole de mon enfance, une frange de prolétaires parvenait à «passer dans la classe supérieure» (15% des élèves des grandes Ecoles à l’orée des années 1970). Aujourd’hui, avec moins de 5%, la statistique ne camoufle même plus l’ultra-élitisme du système — et l’ultra-élitisme, justement, ce n’est pas l’élitisme, et ceux qu’il sélectionne ne sont pas forcément des élites.
L’Ecole est la métaphore exacte du système tout entier. Les « fils et filles de », ceux dont l’état-civil et le carnet d’adresses comptent finalement plus que les diplômes, l’emportent depuis que la crise (pas seulement celle qui sévit actuellement) du capitalisme a eu besoin de compter sur le chômage comme variable d’ajustement.
Mais les luttes dans les entreprises, dans la rue, pour des retraites décentes, pour les salaires, pour le logement, pour les Services Publics de santé, d’éducation, derniers remparts contre l’inégalité, ne peuvent aboutir sans les urnes !! Dans la rue et dans les urnes, visez à offrir un débouché politique autour d’un programme anticapitaliste, visez à devenir majoritaire à Gauche, avec la volonté claire de ne pas se tromper d’ennemi, de battre le camp réactionnaire au pouvoir.
Vous croyez au mérite ? Vos parents ou vos grands-parents en ont bavé, et vous rêvez pour votre progéniture d’un avenir plus confortable que le vôtre ?
Vous avez cru, au moins en partie, aux sirènes du « travailler plus pour gagner plus » ? Vous savez désormais qu’il est question de travailler davantage pour continuer à être payé — simplement.
C’est sur tous les plans qu’il faut se battre simultanément. C’est l’espoir d’un mieux qu’il faut réinjecter dans la société française, aussi figée aujourd’hui que l’était l’aristocratie de 1788. Et j’ai dans l’idée que les courtisans de l’ultra libéralisme tiennent à nos dirigeants les discours lénifiants qui ont conduit Louis XVI à l’accident de santé du 21 janvier 1793.
Emmanuelle Gaziello
Jonglant avec les chiffres et transmutant les mots
Ceux qui nous ont menti prônent la transparence
Reliftent leurs idées débordantes de plis
Leur dieu : la Très Sainte Économie de Marché
Sur l'autel de laquelle ils nous sacrifieront
Rampant pour une miette de pouvoir illusoire
L'esclave en quête du plus odieux tyran
Celui qui clôra toute issue à l'homme libre
Est le plus acharné à réclamer le joug
Qui s'abstient héritera de leur bourreau
Que l'irrespect se hisse au sommet de l'État
Que le mépris devienne programme politique
Et nos acquis seront des reliques obsolètes
Le droit de vivre sera appellé privilège
12 avril 2007